L’imprimé LGBTQ+ au Canada et ailleurs : bilans et perspectives
Numéro spécial des Cahiers de la Société bibliographique du Canada (à paraître au automne2019)
En 1975, l’escouade de la moralité de la police de Toronto a autorisé la saisie de la dix-huitième livraison du Body Politic, car ce numéro contenait une bande dessinée montrant deux hommes en train d’avoir une relation sexuelle. Trois ans plus tard, le journal s’est retrouvé une fois de plus au cœur d’une controverse lorsque ses éditeurs ont été accusés d’utiliser le courrier postal afin de diffuser du matériel indécent, immoral et vulgaire. Ces affaires judiciaires ont néanmoins eu le mérite de contribuer à la modernisation des lois postales canadiennes, qui étaient jusqu’alors plutôt restrictives. Au plus fort du mouvement de libération sexuelle, The Body Politic, dont le lectorat transcendait largement les frontières du Canada, s’est imposé comme le principal représentant des communautés LGBTQ+ au pays. Toutefois, comme le souligne Don McLeod, ce titre s’inscrit dans une longue tradition d’imprimés LGBTQ+ au Canada[1]. En effet, le premier périodique axé sur l’homosexualité, GAY, a été créé en 1964. Pendant cette période, plusieurs groupes homophiles ont aussi commencé à produire des bulletins pour leurs membres, une tradition qui persiste encore aujourd’hui parmi plusieurs organisations LGBTQ+, plus spécifiquement au Québec, où cette presse spécialisée est particulièrement vivace. La prolifération des techniques de reprographie et l’apparition des technologies numériques ont facilité l’émergence, durant les années 1990, d’une forte tradition de fanzines. L’une des plus importantes de ces publications éphémères est certainement gendertrash from hell, puisqu’elle s’est avérée une tribune pour les genderqueers qui n’adhéraient pas aux propos de la presse gaie et lesbienne, jugée normative. En fait, l’histoire des imprimés LGBTQ+ au Canada est intimement liée à l’évolution des mouvements homophile, gai, lesbien, trans et queer au cours des six dernières décennies.
Pour le présent numéro desCahiers de la Société bibliographique du Canada, nous cherchons des articles abordant spécifiquement les imprimés LGBTQ+ publiés au Canada. Les panoramas tout comme les études de cas sont bienvenus. Les points suivants, qui sont loin de former une liste exhaustive, sont tout au plus des pistes de réflexion :
- Les conditions générales de production, de diffusion et de réception des imprimés LGBTQ+ au Canada;
- Les types d’imprimés LGBTQ+ : livres, bandes dessinées, journaux, revues, bulletins, tabloïdes, brochures, dépliants, affiches, feuilles volantes (plusieurs études de cas sont possibles);
- Les maisons d’édition LGBTQ+ (ou encore les collections spécifiques administrées par des maisons d’édition plus généralistes);
- L’édition LGBTQ+ et les nouvelles technologies;
- Les librairies féministes et LGBTQ+ : leur histoire, les défis auxquels elles doivent faire face;
- La place des imprimés LGBTQ+ dans les bibliothèques publiques, les bibliothèques d’institutions d’enseignement, etc.;
- Les imprimés LGBTQ+ et la censure.
Les articles, en anglais ou en français, doivent être soumis, avant le 1er décembre 2018, via le système de gestionen ligne des Cahiers de la Société bibliographique du Canada sous la forme de fichiers .doc ou .docx. Ils devraient compter au plus 9000 mots et respecter les normes de présentation du Chicago Manual of Style, 16e édition (2010). Toute soumission doit aussi être anonyme, inclure un résumé d’au plus 200 mots et être accompagnée d’une courte notice biobibliographique.
Pour toute question ou demande d’information, veuillez contacter les directeurs du numéro : Nicholas Giguère (Nicholas.Giguere@USherbrooke.ca) et Rebecka Sheffield (rebecka@archivalobjects.com).
[1] McLeod, Donald W. A Brief History of Gay: Canada’s First Gay Tabloid, 1964-1966. Toronto: Homewood Books, 2003.